Je souhaite partager avec vous mon vécu. Nous aborderons le Baby Blues, la Dépression post-partum ainsi que l'épuisement parental, des réalités parfois taboues. Nous évoquerons également les changements identitaires et sociaux qui peuvent survenir, sans oublier les défis financiers et la culpabilité maternelle omniprésente.
Le Baby Blues
Je me souviens de la naissance de mon premier enfant, un instant d'une magnificence et d'une intensité inexprimables. Cependant, peu de temps après ces moments enchanteurs, une vague de mélancolie m'a envahie. On nomme cela le baby blues. Cette émotion soudaine et accablante de tristesse et d'inquiétude peut toucher n'importe quelle nouvelle maman. Il est essentiel pour tous ceux qui lisent mes mots aujourd'hui, que vous compreniez que le baby blues ne signifie pas que vous regrettez votre maternité ou que vous êtes une mauvaise mère. Il est simplement lié à l'épuisement physique et psychologique qui se produit après la naissance ainsi qu'à la chute drastique des hormones dans notre corps. Cela dit, revenons à cette interrogation délicate : Est-il possible de regretter d’avoir eu un deuxième enfant ? Beaucoup de parents ressentent une charge augmentée lorsqu'ils ajoutent un nouveau membre à leur foyer, engendrant parfois des sentiments ambivalents tels qu'un sentiment temporaire de regret ou même une forme plus intense du baby blues. Mais il faut toujours garder en tête que ces émotions sont transitoires et ne représentent en aucun cas votre aptitude à être parent ni votre affection pour vos enfants.
La Dépression post-partum
Comprendre la dépression post-partum
Après la naissance, certaines femmes se retrouvent dans un état de tristesse intense et persistante qui va bien au-delà du Baby Blues. Il s'agit de la dépression post-partum, une pathologie médicale sérieuse qui touche approximativement 15% des nouvelles mères. Ses manifestations peuvent être particulièrement accablantes :
- Sensations d'inutilité ou de culpabilité exacerbée
- Perte d'enthousiasme ou de joie dans les activités généralement appréciées
- Troubles du sommeil même lorsque le nourrisson dort
- Irritabilité ou colère extrême
- Inquiétude irrationnelle concernant la santé du bébé.
Trouver l'aide nécessaire
Devant cette détresse, il est impératif de chercher du soutien et un traitement approprié sans délai. La thérapie cognitivo-comportementale, les antidépresseurs ainsi que le recours à un professionnel spécialisé en santé mentale maternelle peuvent apporter une aide précieuse. De plus, participer à un groupe de soutien peut offrir un véritable réconfort aux femmes touchées par ce trouble.
Il est essentiel que vous sachiez qu'il n'est ni honteux ni blâmable d'éprouver ces sentiments après avoir accouché. Vous ne devez jamais hésiter à solliciter l'aide dont vous avez besoin pour surmonter cette période compliquée.
L'épuisement parental
Aborder le sujet de l'épuisement parental, c'est mettre en lumière une réalité souvent passée sous silence. Il est crucial de comprendre que ce n'est pas un regret dirigé vers mon enfant lui-même, plutôt une réaction à la charge mentale et physique engendrée par la parentalité. Être parent implique des responsabilités colossales qui peuvent parfois mener à un épuisement intense. Les nuits sont brèves, les journées longues et remplies d’obligations variées, sans oublier le besoin constant de vigilance pour assurer le bien-être et la sécurité du petit être que nous avons mis au monde. L’épuisement s'ancre dans ce rythme effréné où il faut constamment jongler entre notre rôle parental et nos autres engagements professionnels ou personnels. Ce sentiment d'épuisement peut alimenter des regrets concernant les choix parentaux passés : aurais-je dû m'accorder plus de temps ? Aurais-je pu anticiper mieux certaines situations stressantes ? Ces interrogations légitimes ne signifient pas que nous aimons moins nos enfants. Au contraire, elles sont le reflet d’une volonté d'être un meilleur parent tout en cherchant l'équilibre pour soi aussi.
Le changement d'identité
Avez-vous déjà ressenti un sentiment d'étrangeté en vous regardant dans le miroir? C'est une impression que j'ai éprouvée après la naissance de mon enfant. L'altération d'identité qui accompagne l’arrivée d’un nouveau-né est généralement minimisée. En devenant parent, je ne me suis plus uniquement perçue comme une femme ou un compagnon, également comme génitrice. Cette nouvelle dimension de mon identité a commencé à dominer les autres, ce qui peut engendrer du regret chez certains parents. On peut faire un parallèle intéressant avec ceux qui ont adopté une autre religion et regrettent parfois leur décision parce qu'ils se sentent privés d’une composante majeure de leur ancienne identité. Le défi ici n'est pas tant le remords intense d’avoir procréé que le processus souvent ardu pour incorporer cette nouvelle facette à notre personnalité préexistante sans se sentir tiraillé entre divers aspects contradictoires. Il est vital de reconnaître ces sentiments pour mieux les appréhender et retrouver son équilibre personnel au-delà des nouveaux rôles parentaux imposés par la société.
La rupture des relations sociales
Le couple mis à l'épreuve
Il est indéniable que devenir parent modifie profondément la relation avec son partenaire de vie. Nos conversations, autrefois légères et insouciantes, sont désormais rythmées par des échanges sur les couches, les biberons et le sommeil. La spontanéité a cédé la place à une routine inéluctable.
L'amitié dans l'ombre
Nos amis non-parents ont souvent du mal à saisir notre nouvelle réalité. Les sorties spontanées disparaissent progressivement pour des rendez-vous planifiés plusieurs semaines en avance - s'ils ne sont pas annulés au dernier moment en raison d'un imprévu lié à notre petite merveille. Un sentiment de distance commence à s'installer.
Un équilibre professionnel chamboulé
Au travail, les choses ont changé drastiquement. L'énergie et la volonté pour rester tard ou prendre plus de responsabilités se font rares. Parfois même, je suis contrainte de partir précipitamment suite à un appel urgent concernant mon enfant malade.
Malgré le sentiment mêlé entre joie et regret que cette nouvelle vie avec un bébé suscite, il faut garder espoir que ce soit simplement une phase transitoire qui finira par s'estomper avec le temps et l'adaptation nécessaire qu'exige tout grand changement dans nos vies.
La perturbation financière
La section précédente parlait de la rupture des relations sociales, un phénomène que nombre de parents peuvent éprouver. Néanmoins, un autre sujet qui nécessite une considération spécifique est le bouleversement financier.
Avoir un enfant peut provoquer des tensions financières imprévues. La revue The Lancet Public Health a publié en 2021 une analyse indiquant que les couples avec enfants font état d'une hausse du stress financier. Ce stress peut influencer leur santé mentale et émotionnelle.
Ce n'est pas seulement le coût direct de l'éducation d'un enfant qui pèse sur le budget familial. Il faut prendre en compte :
- Les dépenses médicales associées à l'accouchement et aux soins postnataux
- L'acquisition d'articles essentiels pour bébé comme les couches, les habits ou encore le mobilier
- Les frais additionnels relatifs à la nourriture et au logement
- L'épargne destinée à leur futur parcours scolaire
- Le possible manque à gagner si on opte pour réduire son temps de travail ou arrêter totalement afin de prendre soin du nouveau-né.
Cela peut constituer une véritable tempête financière pour certains parents qui doivent déjà assumer leurs propres responsabilités financières.
Pour ma part, ces contraintes économiques ajoutées au fardeau parental m'ont fait regretter par moments mon choix d'avoir eu un enfant. Les inquiétudes incessantes relatives à l’argent ont engendré une pression constante dans ma vie personnelle ainsi qu'une angoisse permanente face à l'avenir incertain.
La culpabilité maternelle
Le sentiment d'inadéquation
En tant que mère, une culpabilité accablante est ressentie. Tous les jours représentent un défi car une sensation constante de ne pas être à la hauteur persiste. Souvent submergée par les tâches quotidiennes banales, il est difficile d'éprouver cette joie maternelle dont on parle avec un enthousiasme débordant. Cette sensation persistante d'inadéquation alimente un regret muet qui a pris racine dans mon cœur.
La gestion du regret
Ce regret n'est ni constant ni absolu, il fluctue en fonction des moments difficiles et des instants plus cléments. Il paraît presque inhumain de dire que parfois avoir eu un enfant provoque du regret, cela allant à l'encontre des attentes sociétales concernant la Maternité comblée. Cependant, il est nécessaire de reconnaître ces sentiments plutôt que de les refouler afin de gérer efficacement ce conflit intérieur.